Passé (dé)généré / (De)generated past
“Passé (dé)généré” interroge le rapport au réel de la carte d’archive.
La série “Passé (dé)généré” interroge le rapport au réel de la carte d’archive. Progressant vers l’abstraction, ces portraits de Paris générés à l’aide d’une intelligence artificielle présentent une capitale dont la silhouette semble à la fois familière et méconnue. Ils matérialisent la subjectivité des représentations des cartes historiques en proposant une réinterprétation qui exacerbe ces déformations du réel.
Ces portraits ont été générés à l’aide d’une intelligence artificielle nourrie à partir d’un jeu de données unique que j’ai composé et qui rassemble des milliers de plans de Paris au fil du temps. Les algorithmes de machine learning mobilisés pour réaliser ce projet sont parfois employés dans la génération de deepfake : des images qui distordent le réel pour illustrer des fake news.
A l’heure où les faits présents peuvent être aisément falsifiés, où il ne suffit plus de croire seulement ce que l’on peut voir, comment préserver le passé et ses sources de ces arrangements avec le réel ? La dématérialisation de l’archive et sa circulation en ligne la rendent d’autant plus vulnérable une fois sortie de ses cadres de référence traditionnels et libérée de sa matérialité portant les stigmates du passé.
Pourtant, l’archive et plus particulièrement les cartes du passé, n’ont pas attendu l’intelligence artificielle pour s’affranchir du réel. Apparues seulement au XVIe siècle, elles ne se sont pour autant pas privées de représenter Paris en remontant jusqu’à l’Antiquité. Relevant de l’infra-ordinaire, comme gardiennes du statu quo, nous oublions d’interroger ces cartes dont nous sommes tentés de prendre les représentations au mot.
Depuis longtemps, l’imagination et la technique des hommes ont interprété le réel. À leurs prémices, les cartes étaient tracées par des artistes qui dressaient le "portrait" de villes et dont la dernière des préoccupations était de permettre à leurs contemporains de trouver leur chemin. C’est en se mettant dans leurs pas que je mobilise l’intelligence artificielle pour déformer jusqu’à la dégénération ces cartes. Elle matérialise ainsi leur altération de la réalité, nous invitant à appréhender la somme de subjectivités qui composent notre rapport au réel.
“(De)generated past” questions the relationship to reality of archive map.
“(De)generated past” questions the relationship to the real of the archive map. Progressing towards abstraction, these portraits of Paris generated with the help of an artificial intelligence present a capital whose silhouette seems both familiar and unknown. They materialize the subjectivity of representations of historical maps by proposing a reinterpretation that exacerbates these distortions of reality.
These portraits were generated using artificial intelligence fed from a unique data set that I composed to bring together thousands of maps of Paris over time. The machine learning algorithms used to carry out this project are sometimes used in the generation of deepfakes: images that distort reality to illustrate fake news.
At a time when the present facts can be easily falsified, when it is no longer enough to believe only what one can see, how to preserve the past and its sources from these arrangements with reality? The dematerialization of the archive and its online circulation make it all the more vulnerable once it has left its traditional frames of reference and is freed from its materiality bearing the stigmas of the past.
However, the archive and more specifically the maps of the past, did not wait for artificial intelligence to free themselves from reality. They only appeared in the 16th century, but they did not hesitate to represent Paris going back to Antiquity. As part of the infra-ordinary, as guardians of the status quo, we forget to question these cards whose representations we are tempted to take.
For a long time, the imagination and the technique of the men interpreted the reality. At their beginnings, the maps were drawn by artists who painted the "portrait" of cities and whose last concern was to allow their contemporaries to find their way. It is by following in their footsteps that Marion mobilizes artificial intelligence to distort these cards to the point of degeneration. It thus materializes their alteration of reality, inviting us to grasp the sum of subjectivities which make up our relationship to reality.